21 kilomètres et 285 mètres. Telle fut la distance parcourue en une heure par Haile Gebrselassie le 27 juin 2007 sur la piste tchèque d’Ostrava. 4819 jours plus tard, Mo Farah et Bashir Abdi tenteront de battre ce record du monde de l’heure lors du 44e AG Mémorial Van Damme. Les deux athlètes sont de bons amis, et le duo s’est entraîné ensemble ces dernières semaines à Font-Romeu, en France.
Abdi a fait parler de lui au mois de mars en décrochant un magnifique record de Belgique du marathon à Tokyo : 2h04:49. "Je peux me considérer heureux d'avoir pu courir là-bas, juste avant que la pandémie du coronavirus ne vienne tout bouleverser", confie le Gantois de 31 ans, qui possède à l’instar de son ami Farah de racines somaliennes.
"En cette saison complètement perturbée, cette attaque de record du monde de l'heure est un très beau défi. Je n'ai plus l'habitude de courir sur la piste. Ma dernière course dans un stade a eu lieu au Mémorial il y a déjà deux ans. Je suis heureux d'être de retour ici. Pendant l'entraînement, j'ai dû m'adapter pour enchaîner les tours. Je préfère courir tout droit", sourit Abdi.
FARAH : ‘JE VAIS EN PROFITER A FOND’
Farah, qui a décroché l'or olympique à Londres en 2012 et Rio en 2016 à la fois sur 5000 et 10.000 mètres, apprécie vraiment de faire admirer sa longue foulée sur les pistes. Il a couru plusieurs (semi) marathons ces dernières années, mais à la fin de l'année dernière, il avait décidé de se concentrer sur le 10 000 mètres aux Jeux de Tokyo. "Je devais être honnête avec moi-même. Le marathon m'amuse, mais je me suis rendu compte que le travail sur piste me donne encore plus de satisfaction".
La tentative de record du monde de l'heure sera d'une durée presque équivalente à un semi-marathon. Quelle sera la tactique ? "Un temps moyen de 2 minutes 49 secondes par kilomètre sera nécessaire pour battre le record", avance Farah. "Il est essentiel de bien passer la première moitié de la course. Ensuite, nous verrons bien. Bashir me dépasse ou je le dépasse ? Nous verrons bien", dixit le Britannique de 37 ans.
"La question n'est pas de savoir quelles sont mes chances de devancer Mo", poursuit Abdi. "La question est de savoir combien de temps je peux le suivre." "Mo est beaucoup plus rapide que moi à la fin. On s'en est rendu compte à l'entraînement. Il ne faut pas se leurrer". Farah endosse donc le rôle de favori, mais il est en mesure de l'assumer. "J'aime les défis et je vais en profiter pleinement demain. Et ce serait un grand honneur de marcher dans les traces de Haile Gebrselassie", selon le quadruple champion olympique.
HASSAN ET KOSGEI A L’ASSAUT D’UN RECORD VIEUX DE 12 ANS
Chez les femmes, le record du monde de l'heure est depuis 2008 en possession de l'Ethiopienne Dire Tune avec 18,517 km. Sifan Hassan espère améliorer cette distance, une marque établie voici 12 ans. "Je me suis entraîné en Éthiopie pendant quelques mois au début de la crise du coronavirus, puis j'ai pris mes quartiers dans la ville suisse de Sankt Moritz", explique la Néerlandaise. "Il y a trois semaines, j'ai couru un 5000 mètres à Monaco, mais je ne m'y sentais pas très bien. Ces dernières semaines, j'ai pu bien m'entraîner. Je pense que je suis prête", a déclaré Hassan, qui est en pleine préparation pour le semi-marathon des championnats du monde en Pologne le mois prochain.
Brigid Kosgei est pour sa part en pleine préparation pour le marathon de Londres du 4 octobre. Agée de 26 ans, la Kényane est la meilleure marathonienne du moment. Elle a remporté les prestigieux marathons de Chicago (2x) et de Londres ces dernières années. En outre, elle a établi à Chicago en 2019 un nouveau record du monde chez les femmes dans un marathon en terrain mixte dans le temps de 2h14:04. "L'attaque du record du monde de l'heure s'inscrit parfaitement dans ma préparation. J'ai travaillé récemment ma vitesse au Kenya. Je vais donner le meilleur de moi-même demain !", promet Kosgei.